C’est l’héritage familial et sa propre enfance que Jean-Yves Cendrey liquide dans ce nouveau
roman. Au centre, le personnage repoussoir de la « manman ». Pour raconter l’histoire de cette
mère cupide et banalement destructrice, l’auteur choisit, comme à son habitude, un prête-nom :
en l’occurrence l’amant de la mère, un type quelconque, plutôt vulgaire, éleveur de pigeons à ses
heures et admirateur inconditionné de Pompidou puis de Sarkozy. Il a pour « ennemi intime »
Jean-Yves Cendrey, dont il déteste les livres accusateurs et déshonorants pour la « manman ».
On suit ce couple banal et risible sur plusieurs décennies et on se délecte des apparitions du «
salaud de fils », Jean-Yves Cendrey, venu jeter le trouble dans cette relation adultère.
On retrouve dans ce roman tout ce que l’on aime chez Cendrey : un ton vachard et saignant, un
style inimitable et un sujet sombre - les ravages de la vie de famille et de ses ordinaires et
criminels silences- mais abordé avec distance, par le truchement d’une histoire de couple
pathétique et cocasse.
Ce roman féroce et drôle est la suite des Jouissances du remords. C’est le troisième et dernier
tome des « mémoires » de l’auteur, car l’heure de la Liquidation a bien sonné.